Juste avant l'enfer

Lorsque la portière claqua dans son dos, Fubuki ressentit un agréable frisson lui parcourir l’échine. Mélange d’impatience malsaine et de malignité critique, le brun fit danser ses prunelles désintéressées sur les courbes originales du pensionnat Katsumi. Les aspects positifs, à sa plus grande surprise, ne manquaient pas. Malgré qu’il ait une ou deux bonnes heures de retard, l’endroit semblait peuplé. Ainsi, il n’était pas tombé dans un coin paumé en pleine compagne, entouré de vaches et de poules. Non pas que le brun s’était mis à aimer la foule ou le peuple, non, bien sûr que non. Au contraire, en fait. Mais qui disait foule disait aménagements, donc salle informatique, bibliothèque et tout le bordel. La classe, quoi. L’adolescent arqua brièvement le coin de ses lèvres en un sourire à la fois satisfait et prédateur, prédisant déjà quelle année savoureuse il allait passer. Et si, au départ, il avait défendu sa position à corps et à cris, refusant de venir dans ce pensionnat pourri, il s’était désormais fait à l’idée et en tirait même une joie certaine. Enfin, dans la limite du raisonnable, n’est-ce pas.. Tiré de ses pensées par un bruit sourd, Fubuki fit volte-face pour observer Miharu, sa sœur aînée, sortir sa valise du coffre, l’air ennuyé.

« Tu crois que je devrais aller voir les directeurs ? Deux heures de retard, tout de même.. Tu es pire que Natsumi.. Ca doit être à cause de papa, ça. Il vous a donné ses gênes de retardataire chronique. » psalmodia-t-elle en soupirant, refermant le coffre d’un mouvement de poignet avant de le rejoindre, refermant sa voiture à clé à l’aide de la fermeture centralisée. « Tu aurais pu faire un effort, tout de même. » rajouta-t-elle en lui jetant un regard réprobateur, ne récoltant qu’un vague haussement d’épaule en guise de réponse. Si le cadet savait garder sa langue en présence de sa sœur, c’était uniquement parce qu’il l’estimait et qu’il l’aimait. Du reste, son côté pipelette et mère poule avait tendance à l’agacer. Son habitude détestable de le comparer à sa sœur cadette, aussi, accessoirement. Mais le fait de ne pas avoir le même père qu’eux devait sûrement la troubler, alors il était prêt à passer cela sous silence. Enfin, ils prirent d’un même pas et d’une même démarche la direction de l’escalier, leur attitude démontrant leurs origines nobles du premier coup d’œil ; surtout pour Fubuki, en fait. Il voulait montrer sa supériorité dés la première seconde, et, quitte à passer pour un dandy, il n’hésiterait pas à pousser son côté snob à l’extrême. Sans déconner.

Entrant simultanément dans le hall, leurs regards balayèrent l’entrée, et Miharu poussa un nouveau soupir désabusé avant de déposer la valise de son petit frère sur le sol, celui-ci ajustant d’ailleurs son sac en bandoulière et vérifiant d’un regard sa tenue. Parfaite, bien évidemment. Il ne manquerait plus qu’il soit reprochable en quoi que ce soit, surtout par des étrangers. « Je vais chercher le bureau des directeurs pour excuser ton retard. Tu viens ? » proposa la blonde en lui jetant un regard, prenant par la suite la direction d’un panneau d’affichage dans l’intention de se renseigner, pensant vraisemblablement que le brun allait faire de même. Mais, bien entendu, celui-ci n’obéit aucunement. « Tu permets que je t’attende là ? Je ne regrette aucunement mon retard, et j’ai pas envie de jouer à l’hypocrite ce matin. Ils auraient été plus malins, ils auraient décalés la rentrée d’une heure. » lâcha-t-il d’une voix ennuyée, nonchalant, avant d’aller s’adosser à un mur non loin, après avoir vérifié son état hygiénique bien entendu. Et s’il entendit Miharu soupirer et râler, ses talons ne tardèrent pas à retentir de nouveau sur les dalles du hall avant de disparaître dans un des couloirs..

Après avoir réussi à localiser sa chambre au dortoir féminin des premières années et y ranger ses quelques affaires, vêtements et autres bidules qu’elle avait emporté. Elle retourna à l’activité qu’elle avait precedement soit la découverte du pensionnat, elle ne se lassait pas de se balader dans ses innombrables couloirs particulièrement bien nettoyé pour cette nouvelle, ça lui changé de ses anciens établissements poussiéreux où les sols de certaines allées ressemblaient à un paillasson vert tant les chewing-gums s’y étaient accumulés, ici les murs étaient d’une belle clarté et le sol était si bien ciré qu’on pouvait y voir un léger reflet de soi-même. En fait la plupart des lieux qu’elle avait fréquenté autrefois était bon marché, sa mère n’avait pas des revenus très importants et ne pouvait pas non plus l’inscrire dans les plus prestigieuses écoles et que les frais de changement qu’elle avait eu à payer régulièrement finissaient par peser lourd, comme quoi une généalogie difficile à porter pouvait être très problématique même avec la meilleure volonté du monde pour en faire abstraction.

Bref, au cours de sa flânerie elle finit par revenir dans le hall principal, il semblait désert si bien que contrairement à tout à l’heure il y régnait un calme plat, peut être même trop au goût de la jeune fille, elle commença à le traverser d’un pas tranquille qui résonnait nettement en cette gigantesque enceinte. Cela était vraiment pesant après qu’on eu passé quelques instants avec les sœurs Nomura qui avaient vite fait de mettre de l’ambiance. Puis en balayant lentement du regard la zone, elle s’aperçu que le vide n’y était pas total, il y a avait bien une présence, chose qui la fit sourire de bon cœur, tout de même une telle zone aussi grande exempt de monde c’était pas moral. Il s’agissait d’un jeune homme, sûrement un nouveau lui aussi, ce qui frappait c’était la classe qui se dégageait de lui, rigoureusement impeccable en tout point : Vestimentaire, coiffure, droiture, la seule chose qui lui faisait défaut était le manque d’expressivité de son visage qui le rendait un peu monotone, enfin ça ne devait pas être un obstacle à sa rencontre, Hikari s’avança alors vers lui avec un large sourire avenant, tout en exécutant un signe de main en guise de première approche. Une fois plus proche elle ouvrit le dialogue de sa voix fluette mais pourtant si pleine de vie.

"Bonjour ! Tu es nouveau toi aussi ? Je m'appelle Hikari Sato !"

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'était pas intimidé par cet individu qui ne semblait pourtant pas particulièrement ouvert à la discussion avec elle et semblait presque dire de son regard : "Casse toi et fiches moi la pain gamine !".
Après peut être était ce juste sa composition faciale qui était naturellement faite ainsi...

L’impatience première de Fubuki s’éteignit peu à peu au profit d’un ennui et d’une rancune tenace vis-à-vis de ses parents au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient. Il n’était pas particulièrement lunatique ; pourtant, cet endroit atypique qui lui avait plu au premier coup d’œil commençait à lui faire regretter son établissement privé certes austère mais tellement plus fréquentable. Ici, les élèves seraient bien plus éclectiques, et, forcément, éminemment moins intéressant. Miharu lui rétorquerait sûrement qu’il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même, ou quelque chose dans ce goût-là ; mais était-ce de sa faute à lui s’il était incapable de garder ses pensées (la plupart du temps négatives) pour lui ? Si les autres étaient un peu plus ouverts d’esprit, ils n’auraient pas eu à se plaindre d’harcèlement moral. Ce qui était totalement faux, bien entendu. ‘Manquerait plus que ça. Oh, bien sûr, la directrice ne l’avait pas renvoyé ; elle avait simplement convoqué ses parents, avec les honneurs et tout ça, parce que bon il serait dommage de perdre une telle source de revenus n’est-ce pas. Mais malheureusement, ça avait suffit à son père pour qu’il se mette en tête de l’intégrer dans un endroit moins strict..

Pour finalement l’envoyer dans cet endroit détestable. Un bref soupir affligé passa la barrière de ses lèvres tandis qu’il relevait légèrement les yeux, lassé de fixer le sol à ruminer le noir de sa matière grise, marquant un léger temps en remarquant une jeune fille aux cheveux.. verts.. qui sortait d’un des innombrables couloirs reliant au hall un peu plus loin. Si, encore, elle n’avait eu que les cheveux verts, cela n’aurait pas vraiment dérangé le brun. Mais il y avait aussi les couleurs de l’uniforme, qui ne s’harmonisait pas avec celle de sa chevelure, la jupe, dont un pli n’était pas assez prononcé par rapport aux autres, et la petite aspérité sur ses chaussettes hautes. C’était totalement maniaque de remarquer ces détails – quasiment insignifiants – mais Fubuki n’y pouvait pas grand-chose ; c’était un réflexe certes indiscret mais qu’il se traînait depuis sa petite enfance. Il était dés lors trop tard pour y remédier ; et puis, Fubuki ne le désirait pas spécialement. Autant tenir son esprit critique en forme. Il s’apprêtait à se désintéresser de cette jeune fille lorsque celle-ci lui adressa un.. signe de main accompagné d’un sourire. Avant de venir lui taper la discut’. Cillant lentement, très lentement, l’adolescent la considéra un instant avant de rouler des yeux, à peine hautain.

« Est-ce censé m’intéresser ? » répliqua-t-il simplement d’une voix insipide en la survolant une nouvelle fois du regard avant de détourner celui-ci dans une attitude clairement dédaigneuse. En fait, il était tout simplement désintéressé, mais ses vis-à-vis interprétaient souvent ses sentiments de manière négative. Pas qu’il fasse quoique ce soit pour les réfuter, j’en conviens, mais il leur portait tellement peu d’intérêt qu’il ne voyait pas pourquoi il s’offusquerait ou se montrerait dédaigné par leur présence. Si la jeune fille se plaisait dans le hall, qu’elle y reste, mais qu’elle ne compte pas sur lui pour faire la conversation. Sa sœur avait déjà éprouvé son gêne de tolérance aujourd’hui, il fallait qu’il s’en remette un peu..

La réponse de son interlocuteur avait quelque peu déconcerté Hikari qui sur le coup croisa les bras et le jaugea avec un regard perplexe, le petit rehaussement de son sourcil de son sourcil droit était assez évocateur de son état d’interrogation, elle avait déjà eu affaire à des personnes ayant une attitude des plus aigres, mais jusqu’ici cela n’avait été que des adultes quelque peu… dérangé par ses origines véritables. Ici cette froideur était difficilement justifiable avec l’absence de cette connaissance, pourtant il devait y avoir une raison. Elle était du genre persuadée que toute chose naquit forcement d’une source et que rien ne pouvait avoir vu le jour seul, mais quelles pouvaient être les causes de cette attitude acide... elle était bien déterminée à essayer de savoir pourquoi. Une matinée difficile peut être ? La jeune fille n’était pas du genre à s’énerver pour si peu, elle hissa à nouveau son habituel sourire empli de sympathie et décroisa ses deux bras comme pour abaisser une barrière entre eux et hocha la tête d’un air plutôt amusé et pointa son index gauche en sa direction.

"C’est à toi d’en juger ça !"

Rétorqua t-elle de manière ironique. Avant de nonchalemment placer ses abatis supérieurs derrière sa nuque, si elle en avait envie elle ne s’approcha pas d’avantage restant à environ trois pas de l’adolescent, il était inutile de risquer la provocation d’une montée de tension chez lui en faisant quelque chose qui lui déplairait, déjà que l’attitude décontractée pouvait agacer certaines personnes, peut être lui, il était inutile d’en rajouter.

"Tu n’avais pas envie de venir ici, pas vrai ?"

Ajouta t-elle après un bref silence, la tête légèrement inclinée sur le coté, et un fin regard inquisiteur. Elle voulait juste essayer d’en savoir plus sur ce drôle de type planté tout seul au milieu de cette large pièce. Bien qu’elle se doutait qu’il ne serait pas suffisamment extraverti pour lui répondre autre chose qu’une phrase amère signifiant quelque chose comme "Va voir ailleurs si j’y suis.", mais la tournure de sa réponse négative serait peut être révélatrice de quelque chose qui sait ?

Fubuki pensait réellement se débarrasser de la jeune importune à l’aide de cette simple phrase. Généralement, elle avait l’effet d’un iceberg sur ses vis-à-vis ; pourquoi en serait-il autrement ? Peut-être parce qu’il était nouveau, ici, que peu de personnes pouvaient connaître son nom et encore moins son visage, et qu’il risquait de se confronter à autre chose qu’à des têtes brûlés de fils à papa trop gâtés par la vie pour connaître la différence entre amour et profit. Oh, bien sûr, ceux-ci ne se gênaient sûrement pas pour lui retourner ce compliment – et dans son dos, la plupart du temps – mais le brun avait eu la.. chance ? de connaître certains événements qui faisaient que. Et même s’il ne remerciait pas vraiment le destin, il ne regrettait néanmoins pas de ne pas être devenu comme eux. ‘Manquerait plus que ça. Enfin bref, toujours était-il que, pour revenir à nos moutons, la jeune fille aux cheveux verts (ça allait sûrement le traumatiser pendant un bon mois, ça, si ce n’était plus) qui, selon ses propres dires, semblaient s’appeler Hikari, se contenta d’accentuer son sourire en le pointant du doigt. Doigt vers lequel l’adolescent baissa des yeux tout d’abord insipides, et finalement amusés à la réplique que la jeune fille jugea utile de rajouter.

« Inutile de s’attarder sur la question, c’est tout vu.. » répondit-il lentement, aussi désinvolte que sa vis-à-vis, quoique le sourire en coin moqueur qui arquait ses lèvres n’était pas spécialement engageant. Et si le brun paraissait détendu, il n’en semblait cependant pas plus sympathique ou même rassurant. Il était juste.. lui-même, en fait, en toute occasion que ce soit. Hikari reprit la parole pour lui poser une question, cette fois-ci, qui lui fit rapidement hausser un sourcil intrigué, et eut même la prétention de pouvoir lui arracher un petit ricanement indescriptible. Un mélange d’amusement et de désintérêt, chose assez peu courante mais que Fubuki maniait à merveille. Des années d’entraînement, tout ça, pour ne pas reprendre le cliché. « Quelle habilité à la déduction ! Je suis impressionné ; non, non, crois-moi, vraiment. » répondit-il, à peine ironique, en prenant soin de bâiller intentionnellement à la fin de sa phrase, histoire de laisser la provocation faire son nid. Mais bon, n’ayant rien d’autre à faire pour le moment, et commençant à se prendre au jeu, il n’allait pas encore renvoyer balader la jeune fille. Encore. « Mais avec tout ça, j’en oublie les règles de la politesse et de la galanterie.. Soyokaze Fubuki, gente damoiselle, preux chevalier à son propre service. »

Ce garçon était décidement bien étrange aux yeux d'Hikari, il semblait particulièrement provocateur verbalement, une acidité qu'elle avait bien du mal à comprendre. Cela dit il n'était pas direct et jouer plus sur des formulations ironiques que sur des mots qui font vraiment mal. Pensait-il qu'elle se moquait de lui et de ce fait lui le lui rendait par d'autres railleries ? Elle se demandait si son attitude extravertie ne jouait pas contre elle avec cet individu.
Cela dit elle s'en fichait fondamentalement, elle ne changerait pas son caractère pour qui que ce soit même si le fait qu'il ne l'apprécie pas pour une raison qui lui était inconnue était quelque chose qui l'intriguait. Elle plaça ses mains sur ses hanches et hocha la tête les yeux rivés sur le sol. Puis sa nouvelle rencontre se décida tout de même à lui faire apprendre quelque chose sur lui ! Il s'appelait donc Fubuki Soyokaze, même si encore une fois elle ne l'appris que dans une phrase à l'interet bien inégal, il était vraiment bizarre, un peu agaçant peut être mais bon, pas assez pour justifier l'antipathie de notre cher Hikari qui le fixa un moment dans un silence lourd et l'air grave, consterné, puis elle inclina légèrement la tête et esquissa un sourire de petite enfant.

"Enchantée Mr le Preux Chevalier ! Je suppose que vous avez laissé votre beau destrier blanc à l'entrée ? Les écuries sont malheureusement bien rares en ces terres isolées."

La conversation prennait une étrange tournure, on pouvait se demander à quoi aller aboutir ce concours d'inepties à long terme.

Fubuki cilla lentement devant le regard d’Hikari, qu’il soutient, bien évidemment, pour incliner légèrement la tête, accentuant légèrement son sourire en coin tout en haussant un sourcil intrigué. Le silence n’était pas pour le gêner, au contraire ; il l’apprivoisait même de telle façon à l’avoir pour agréable compagnie lorsqu’il le désirait. Seulement, celui de la jeune fille aux cheveux.. Bref, de la jeune fille qui lui faisait face, donc, lui paraissait incompréhensible. Et s’il y avait bien une chose que le brun détestait (entre autre, bien entendu), c’était de ne pas comprendre quelque chose.. Surtout lorsque ça le concernait, même indirectement. En l’occurrence, la première solution était la bonne, étant donné que sa camarade le fixait lui, et qu’ils faisaient – laborieusement, j’en conviens – connaissance. Mais sa vis-à-vis sembla se reprendre et lui sourit d’un air enfantin qui le surprit légèrement sans qu’il n’en laisse paraître quoi que ce soit, se contentant de conserver son expression à la fois condescendante et désintéressée. Du reste, l’adolescente avait marqué un bon point ; si Fubuki se montrait bavard, voire espiègle, il aimait à voir les autres entrer dans son jeu. Pas par intérêt, juste par rebondissement. C’était toujours mieux, à deux, question scénario.

« Blanc ? Vous me voyez offensé, madame, de votre âpre considération pour mon cheval. Un destrier digne de ce nom se doit d’arborer une couleur non pas immaculée, bien que toujours monochromée, mais bien sombre, pour ne pas dire noire ; car qu’y a-t-il de mieux qu’une bête dont les éventuels écarts hygiéniques passent inaperçus ? Il est incommodant de se présenter face à une charmante demoiselle, telle que vous, en étant éperonné à un cheval crasseux.. » répondit-il d’une voix placide, quoiqu’une petite moue faussement penaude étira le temps d’un instant ses lèvres, transformant son expression hautaine en quelque chose de plus.. innocent, tout du moins sympathique. « Néanmoins, mon destrier et moi vous remercions de votre considération. » rajouta-t-il, paraissant un instant espiègle avant de reprendre son attitude première. Fière, froide, moqueuse. Ironique. « Mais une personne de mon rang n’a pas besoin de s’abaisser à fréquenter les écuries lorsqu’un valet le suit en permanence pour s’en occuper à sa place. »

Ce petit jeu avait beau être totalement dénué de sens Hikari semblait beaucoup l'appréciait et en venait à trouver agréable ce confrère nouveau. Il paraissait bien difficile à cerner entre ses multiples phrases ironiques à double sens, mais la jeune fille mit simplement cela sur le compte d'une personnalité qu'il ne voulait pas extérioriser. Lorsqu'il eu énumeré les inconvenients du cheval de couleur clair Hikari croisa à nouveau les bras et hocha la tête d'un air désapprobateur.

Oh mais Mr Le Preux Chevalier, vous devriez savoir vous qui êtes qui disposez d'un habile esprit que l'être humain est un être dont on peut facilement faire détourner l'attention par de biens beaux atouts ! Votre élégance force l'admiration de votre entourage si bien que nul ne saurait accorder la plus dérisoire attention à votre monture !

L'adolescente aimait beaucoup le théatre et jouer cette petite scenette en "live" lui était des plus amusant. Elle s'inclina légèrement devant le "seigneur" et fit mine d'observer derrière lui.

Et bien ? Vos très chers suivants ne vous accompagnent pas pour subvenir au moindre de vos désirs ? Sont-ils aussi peu compétent où est ce vous qui avait fait preuve de votre grande bonté en leur donnant congé ?

Demanda t-elle d'une caricaturale voix curieuse, fixant assez lourdement de ses yeux qui semblait s'être aggrandis, lui faisant au passage gagner beaucoup de candeur "le preux cavalier" venue de... d'ailleurs c'était une bonen question ça ? D'où venait-il ?

Fubuki se passa légèrement la langue sur les lèvres pour les humecter, petit tic inconscient qui le suivait depuis son enfance, avant d’hausser très légèrement un sourcil intrigué lorsque Hikari hocha la tête de dénégation, ne tardant pas à le contredire, ou du moins lui présenter une version des faits détournées. Le brun roula lentement des yeux, se permettant un rapide sourire en coin à la fois amusé et arrogant, et il n’allait pas tarder à répondre lorsque la jeune fille l’interrompit, rajoutant avec curiosité une question tout en s’inclinant, ce qui amusa particulièrement le jeune homme. Soyons franc, il ne s’attendait pas à ça, mais n’allait pas cracher sur cette preuve de respect et d’infériorité. Certes, ce n’était qu’un jeu, mais l’adolescent était condescendant jusqu’au bout des ongles, et toute preuve de sa supériorité (évidente), aussi virtuelle soit-elle, le satisfaisait d’une manière ou d’une autre. Singulier personnage s’il en est, à n’en pas douter..

« Mes suivants ? Les congédier ? Vous plaisantez, chère damoiselle, il serait dérisoire pour un Prince tel que moi de se passer de ses plus fidèles serviteurs, aussi gueux soient-ils. Non, je les ai simplement envoyés en commission, mais quelque chose me dit qu’ils ne devront plus tarder à arriver ; ou plutôt, qu’elle. Oui car voyez-vous, je voyage incognito, aujourd’hui. » répondit-il, à peine pompeux, en se redressant un peu si c’était possible, comme un paon gonflerait son buste de fierté tout en étendant ses plumes multicolores dans l’espoir d’impressionner les femelles. Ce n’était pas si différent de la réalité, à la différence près que Fubuki n’espérait en rien une quelconque copulation avec la jeune fille, mais ça, c’était autre chose, n’est-ce pas. « Mais vous-même ? Je m’étonne de vous voir seule. » enchaîna-t-il en regardant autour d’eux, vaguement intrigué, sans expliciter davantage sa pensée. Sa question était évidente, après tout, aussi implicite soit-elle.

Hikari acquiessa à l'écoute des explications de Prince Fubuki par un hochement de tête continu et quelque peu mécanique. En vérité elle l'incitait juste à poursuivre comme si elle attendait qu'il dise quelque chose révélateur, elle ne releva que le "elle", pour désigner son pseudo-serviteur, il était peut être accompagné par une personne de sexe féminin sinon pourquoi utiliser la désigner par "elle" ? Sa mère ? Une soeur ? Une tante ? Une connaissance quelconque ? Où peut être n'était ce qu'une coincidence, un peu douteuse tout de même.
Elle arrêta son mouvement continu quand il lui posa à son tour une question. Ce qu'elle fichait seule en ces lieux. Elle se désigna elle même par un curieux mouvement de main avec un air faussement surpris puis laissa tomber ses bras comme la réponse était évidente avant de commencer à faire les cent pas sur place parlant tout en executant d'étranges moulinets de sa main gauche.

"Voyez vous Mr le Prince, il est parfois nécessaire aux personnes telles que moi de s'évader un peu de notre quotidient en flânant paisiblement au gré de sa petite voix intérieure. Laisser notre esprit aller, lâchant notre enveloppe corporelle qui se dirige sans véritable controle."

Ce discours avait une part de vrai dans le sens où en effet Hikari se plaisait à se balader sans raison véritable, pensant à tout et à rien mais dans la situation actuelle elle le faisait dans un but précis. Elle souhaitait connaitre les différentes activités proposées par l'établissement par l'intermédiaire de ses clubs. Et bien qu'elle n'avait pas particulièrement pensé à y venir pour cette raison. Le hall pouvait être une bonne source d'information en début d'année en raison des innombrables affiches plaquées les unes sur les autre dans les panneaux d'affichage. Mais pour le moment le suejt qu'elle avait en face d'elle l'intriguait, pour le moment elle ne savait encore trop comment le situer, son appriori était plutôt négatif mais encore bien tangible. Elle se demandait si il était toujours aussi secret ou si il s'agissait d'une simple facette. Elle s'arreta de bouger, resta droite comme un piquet puis elle tourna la tête en sa direction sans rien dire, le jugeant jusqu'à ce qu'il ait quelque chose d'autre à dire. Peut être qu'elle allait vite perdre son intéret. Ou peut être pas.

» Akiko arrive tout juste !